Je lui ai écrit. Parce que j’ai rêvé
de lui cette nuit mais que je me suis réveillée avant de le revoir. Frustrée de
ces non retrouvailles, encore endormie et perturbée par mon rêve, j’ai écrit un
mail en demandant qu’il lui soit transmis ;
Aux aguets depuis, je surveille
ma boite de messagerie comme si elle allait exploser à tout moment. J’ai peur
et j’ai mal au ventre. Surtout j’ai 15 ans. Enfin 18 ans… l’âge que j’avais
quand je l’ai rencontré.
Il est de mon passé celui que je
ne peux, ni ne veux oublier. Une jolie parenthèse dans ses années de merde. Je
l’aime comme un père, je l’aime comme Jean Ferrat. Je l’aime car lui a été là…
Moi l’adolescente rebelle perchée sur mon radiateur à le regarder travailler, à
l’agacer de mes convictions de jeune conne ; à lui expliquer la vie et le
regardant travailler dans la sienne. Sans repère, sans père ni mère, sans
personne dans cette maison pleine de filles comme moi, il a été mon guide plus
que ces gens dont le métier était de faire ce qu’il a fait gratos pour moi.
Nous avons une relation particulière, sans ambiguïté de ma part et de la
sienne, curieuses pour les jaloux.
Je l’admirais. Marié, 2 filles,
j’aurais voulu être la sienne.
Et puis, je suis partie du foyer
ou il était le cuistot. Il nous faisait chaque jour à bouffer et au-delà de
nourrir mon ventre il a rempli de nos discussions un vide intersidéral Et
puis, j’ai fermé la porte de ce passé-là. Ma pudeur aussi m’a empêchait de
prendre des nouvelles, cet espèce d’orgueil à la con qui fait qu’on ose plus.
C’était y’a 20 ans. Je pense toujours à lui, tout le temps même. Je voudrai lui dire qu’il a été important pour moi, lui dire merci, lui dire que je l’aime comme je suppose on aime quelqu’un de sa famille. Il m’a aidé plus que ceux qui sont officiellement payés pour le faire..
Je suis descendue depuis longtemps
de mon radiateur, la vie lui a donné raison ; j’ai perdu quelques uns de
mes rêves, de mes illusions. Il m’avait prévenu. Je suis rentrée dans le rang,
j’ai tricoté une famille, j’ai tourné le dos à certaines de mes convictions.
11 :28
Toujours aucunes news… : (
14 :23
Mon pc est un traitre ma boite de
messagerie une connasse. Toujours rien. Je voudrai effacer de mon cerveau cette
idée qu’il est peut-être mort et qu’on ne sait pas comment me le dire.
15h35
…
…
17 :23
Se souvient-il de moi au
fait ?