11 nov. 2010

Pensées sportives



Assisse sur le sol d'un gymnase qui pue l'effort, j'attends ma fille qui inaugure son premier cours de judo de l'année...
Je pourrais rentrer chez moi, au bout de la rue, mais je ne le fais pas parce qu'il pleut à verse et que je ne suis pas étanche...
Le gymnase, vide me donne le sentiment d'être seule au monde... je profite de ce petit moment d'éternité pour sortir mon petit carnet... Le clapotis des gouttes sportives sur le toit me fait frissonner... flip, flop... Au loin, dans une salle, le prof de judo donne ses ordres....
Ces bruits, ces odeurs, leurs échos si singuliers à l'endroit me transportent il y a quelques années en arrière... Petit bond à pieds joints dans une enfance de plus en plus lointaine...
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Nous sommes un samedi, il est 13h05 et comme toute les semaines, j'arrive à la même heure au gymnase du village... Je me suis échappée de chez moi, de cette maison ou je me sens si mal... Comme tous les samedis, j
e me suis assisse devant la pendule à attendre que la grande aiguille vienne me délivrer de ma prison pas dorée... 
Treize heures... enfin... je peux partir... m'envoler, m'enfuir, m'exiler avec l'autorisation de ma folcoche et l'obligation d'être revenue à 18h30... Pas 31... sinon c'est l'engueulade assurée... Pas 29... ça c'est moi qui m'y refuse... Une minute dehors, c'est une minute de liberté... un ordre de moins à recevoir...
Il est donc 13h05 environ quand j'arrive au gymnase... le rendez vous des jeunes du bled...
Évidemment je suis la première au rendez vous que je me suis fixée et je vais rester seule un bon moment... Les autres arrivent bien plus tard.. A 13h00, ils mangent encore en famille... En attendant, en les attendant, je glande... Le samedi, j'ai mes habitudes, je sais que dans une des salles du haut, il y a un cours de GRS.. Je le sais car tous les samedis, je vais assister au cours...je m'assois dans un coin et je les mate... la prof, qui commence à me connaître, me laisse regarder les cours... Une fois de plus, je fais le caméléon, je deviens transparente pour ne pas déranger... Pas une fois, la prof ne m'a invité à venir participer, j'étais là tous les samedis pourtant... bien plus à l'heure et fidèle que certaines... mais bon...
Quand il n'y a pas de cours, je reste seule devant le gymnase... je lis, j'écris... qu'il fasse beau, qu'il pleuve, je suis là... je fais partie du décor... Ici, je suis LIBRE... c'est mon moment à moi...
Ce même moment que je suis en train de revivre là en écrivant ces lignes...
Des jeunes depuis tout à l'heure ont envahis le gymnase pour un cours de Volley Ball, je n'y suis plus seule et tous m'ont regardés avec des yeux bizarres et ont tentés un timide bonjour... Ils doivent se demander ce que je fais là recroquevillée dans mon coin... à mon âge, on s'assoie sur une chaise sans doute ?
Le gardien qui est venu me voir plusieurs fois pour parler de la pluie et du beau temps m'a proposé une partie de ping pong... Trop tard mec... T'arrives 20 ans trop tard..

10 nov. 2010

Ma valise en carton...



Hier au boulot grosse livraison de cartons remplis qui encombrent le couloir mais je passe devant sans les voir...


Aucunes émotions particulière, aucunes pensées tordues, tout va bien, la vie est belle...

Une collègue me rejoint, et dit (juste) "tiens je vais en ramener un pour mon fils..."

Elle rajoute "Il adore jouer avec les cartons"!

...

...

Trop tard mais trop tard je met les mains devant mon visage puis devant le sien, je crache 2 fois par terre, et je bouche mes oreilles...je siffle sssshhhhhhhh...

Trop tard... la transformation est immédiate... Je me sens basculer du côté obscur...

Il faut que je partes, il faut que je parte... C'est donc super étonnée de ne pas y avoir pensé tout seule, spécialiste du ramenage de connerie à la maison, de récup en tout genre que je pars me planquer dans mon bureau tentant de fuir cette foutue phrase... Makachewalou... la chiennasse m'a suivi et s'est mise à grimper sur mes sentiments... "fils, carton, maison, heureux, enfance, souvenirs"... Ils raisonnent en moi ces mots, me percute, me gratouille de la moelle à l'aorte...Foutue que j'étais, complètement encerclée... mise en route du circuit, emballement du palpitant, le cœur maternel qui se gonfle... bref, malgré moi je me suis entendue dire "OHHHH MOI AUSSIIIIIIIIIIIIIIIIIII"...

Juré, craché, je me suis maudite tout de suite, j'ai détesté m'entendre, je suis si faible ! Je suis revenue désabusée et consciente qu'après ça je ne guérirais plus, avec cutter et ciseaux et je me suis emmerdée à vider le carton, à le dé scotcher, à le plier, à me couper les doigts... py comme je supporte pas le bruit du carton qui couine quand on le découpe (ça me fait mal au dent) j'ai passé les 10 minutes suivantes la mâchoire serrée pour pas que mes dents tombent...


Très vite j'ai compris que j'pouvais pas rentrer en métro avec mes cartons pour la simple et bonne raison que dépliés, ils font le double de ma taille... il a donc fallut que j'appelle mon homme, lui demander comment il allait et si accessoirement et par hasard il pouvait venir chercher 2 p'tits trucs... A la question "quoi ?" j'ai répondu "2 cartons"... A la question "on déménage ?" j'ai répondu "nan". A la question "c'est pour quoi faire ?" j'ai répondu "une cabane au Petit " au silence qui a suivi j'ai rien répondu... quand il a dit "ok je viens, j'ai été soulagé... et j'suis un peu redescendue de mon état de transe... Ceci dit je me demande ma réaction s'il avait osé dire non... Bien sur il a dit oui, il dit toujours oui...

Le temps qu'il arrive c'est le temps qu'il m'a fallut pour quitter ma planète,  mon coeur a repris une activité normale et chaque fois que mon regard croisait les cartons (ah j'ai pas dit ?  j'en ai pris 2 finalement !... bah oui j'ai deux enfants...), j'me suis dit que j'étais vraiment malade... J'avais pleins de taf, des trucs urgents à finir mais de pouvoir imaginer mon fils heureux dans son carton a tout effacé, squizzé... ma priorité a été d'aller faire de la retape dans tout les bureaux ou j'ai passer  ma tête en chuchotant "hey, hey hey tu gardes ton carton ?" ...

Mon homme est arrivé avec dans les poches son permis poids lourds et s'est pris la tête pour enfourner les cartons dans le coffre... mon fistouille était à l'arrière... quand je lui ai dit que c'était pour lui, ses yeux ont clignotés... BINGO !  Je le savais...C'est pas difficile... en même temps, moi même j'en ai fabriqué des trucs cartonnés petite... j'ai eu des maisons en carton, des tables en carton, des bibliothèque en carton, des wc en carton, des assiettes en cartons, des télés en cartons...

Bref,

Je suis pas rentrée tout de suite, j'avais une réunion desigual (1 mère sur deux en portait, aie les yeux) à l'école de ma fille...

Le soir, derrière la porte que j'ai ouverte y'a un truc de 6 ans qui m'a demandé "on fait la cabane ?" Pas le temps mon petit, demain promis (en vrai j'ai hurlé, p'tain j'ai la dalle, demain si tu dors tout de suite ! et arrête de m'aggriper j'vais appeler les louuuupsssssss)

après on arrive à ce matin...

Mon bonhomme s'est levé et m'a demandé de sa petite voix ensommeillé si j'étais prête... nan je l'étais pas mais j'ai fondu, j'avais prévu de faire des choses plus importante (surfer sur internet, me faire quelques épisodes de CT) mais bon, priorité à l'enfance et au souvenirs cartons pâteux... alors ciseaux et scalpel en main, on a coupé, découpé... bien sur n'importe quelle mère aurait fait mieux, une vrai cabane de chef, mais j'ai laissé faire mon l'architecte qui avait des exigences particulières... comme faire un trou pour faire passer le fil de sa ds... j'ai fait une fenêtre... Parce que je suis une professionnelle, les travaux ont duré le temps de quelques chansons... 10 minutes au plus...

10 minutes d'investissement... il à l'heure ou je vous écrit 11h30, mon fils y est toujours... il veut y manger dedans, il veut y dormir aussi...

que rajouter ?

Qu'entre temps ma Grande est rentrée du collège, a reluqué curieuse la construction et s'est moqué de son frère d'un "tu es ridicuullllle"... Puis elle a été déposer dans sa chambre son sac,ses pompes, son adolescence et est revenue pour se plaindre "ah bah si j'comprends bien, moi j'ai pas le droit à ma maison ?"... On s'y remet cet après midi...