4 janv. 2013

Classe mannequin

De notre première rencontre, je remarque juste qu'il porte une kippa. Il est de dos. Petit, cheveux blancs, les yeux bleus mais je ne le sais pas encore, il est comme je viens de l'écrire de dos. Je l'entends parler tout seul, je trouve cela bizarre. Je me dis qu'il doit prier... ce qui n'est ni l'endroit, ni le moment je trouve mais bon...

Une jeune fille m'accueill et s'occupe de moi, de la paperasse. Puis on me demande d'attendre ce que je fais.
Dehors il fait nuit et froid. C'est l'hiver. Mon homme m'accompagne. Il est là comme un doudou que je touche, un porte bonheur. Je n'arrive plus à parler, j'ai la peur au ventre...
Dans cette attente interminable, j'essaie de m'occuper mais en fait je pense, je réfléchis comme je le fais depuis 24 heures. Enfermée dans ma grotte, je suis devenue silencieuse, muette.

Une nouvelle jeune fille, un nouveau visage... Elle m'appelle, elle sait que j'ai peur, je lui dit tout de suite. A moitié à poil elle tente de me mettre à l'aise, de me rassurer... je l'écoute à peine, j'ai peur. Elle me dit ce que je dois faire, elle me tourne, elle me lève les bras... J'ai peur... Elle propose de m'allonger pour reprendre mes esprits quand je lui dis que mes jambes flanches... Elle voudrait me dire de ne pas m'inquiéter mais elle ne le peut pas... elle est là pour prendre ces putains de clichés...  Clic clac c'est dans la boite. Elle ne peut rien me dire, ce n'est pas son taf... faut que je vois le monsieur à la kippa. Forcément, ça rajoute à mon stress, à ma peur... C'est forcément grave !
Je dois à nouveau patienter donc... c'est pire que la première fois. Je m'allonge sur mon homme tellement je sens que je vais défaillir. Des nouvelles personnes arrivent avec leurs stress, leurs visages tendus, nous ne sommes plus seuls. Il a y une ambiance pesante, personne ne se souhaite une bonne année malgré la date. Moi j'voudrais m'endormir immédiatement et me réveiller au printemps.
On m'appelle.
Décharge d'adrénaline.
Le monsieur à la kippa me reçoit debout. Je le dépasse. C'est là que je remarque ses yeux clairs, son regard si doux derrière ses lunettes. Un très bel homme... Pas expressif il me demande pourquoi je suis là. Je ne sais même plus, j'ai peur.
Je tente des "toux persistante" "mauvaise analyse sanguine" mais j'arrive pas à détailler.
Il prononce la phrase que je redoute, celle qui va faire me basculer. Elle ne vient pas. "rien d'anormal, tout va bien".
Aussitôt mes jambes me lachent. Mes jambes et mes yeux. Je me plie en deux, mes mains chopent mes genoux et les larmes coulent. Le monsieur d'une voix douce me rassure, demande à voir mes analyses quand j'arrive à lui expliquer. Il me confirme que tout va bien. Je le sens bienveillant. Il me dit qu'il se dépeche de dicter son compte rendu et qu'il me laisse repartir. C'est donc ce qu'il faisait quand je suis arrivée... il n'était pas en pleine séance de prière, il concluait et peut être j'espère qu'il avait les mêmes mots que ceux qu'ils m'a offerts... Je le souhaite aux personne d'avant, à celles d'après.

J'ai eu peur, très très peur.
Aujourd'hui j'ai fait une radio des poumons.






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